Dissonances rurales (2018-19)
English texts follow (in italicized blocks).
Dissonances rurales explore, par l’entremise d’archives matérielles et sonores, les divergences et les convergences musicales générées par une rencontre entre la culture acadienne rurale (musique traditionnelle) et la « haute » culture occidentale du 20e siècle (musique classique). La projection vidéo – pièce centrale du projet – superpose des enregistrements analogues (vinyles) de trois joueurs de violon ayant performé au Monument Lefebvre de Memramcook, soit Arthur LeBlanc (1945), Yehudi Menuhin (1946) et Éloi LeBlanc (1976), donnant lieu à une trame sonore qui est à la fois dissonante et harmonique. Dans le cadre de l’exposition (solo) à la Galerie d’art Louise-et-Reuben-Cohen, la projection de la vidéo rappelait l’espace de la salle de spectacle par sa taille, par la pénombre et par la présence de bancs originaux prêtés par le Monument Lefebvre.
Lors du vernissage de Dissonances rurales à la Galerie d’art Louise-et-Reuben-Cohen, trois violonistes ont été invitées à recréer la trame sonore de la vidéo dans un espace acoustique. La performance n’était pas annoncée au public. Au moment de débuter la performance, le violon original d’Eloi LeBlanc fut retiré d’un présentoir par Dominique Dupuis, violoniste qui interprétait la partition de ce dernier, brouillant ainsi la frontière entre ce qui relève de la présentation muséale et de la performance. Une partition officielle de la trame sonore sera bientôt publiée par la galerie dans une publication accompagnant le projet.
From the University of Moncton’s Galerie d’art Louise-et-Reuben-Cohen and the Festival International du Cinéma Francophone en Acadie 2019 programming :
" In this exhibition, artist Rémi Belliveau takes-up, through archives, interest in the metaphorical backstage of the Monument Lefebvre. An important historical institution in Memramcook Valley, NB, the Lefebvre performance hall has welcomed many artists from here and abroad since its inauguration in 1897.
Dissonances rurales studies the musical divergences and convergences provoked by an encounter between rural Acadian culture and 20th century western popular culture that figuratively took place upon the same stage. Analogue recordings of three violin players who performed at Memramcook’s Monument Lefebvre Hall, Arthur LeBlanc (1945), Yehudi Menuhin (1946) and Éloi LeBlanc (1976), are superimposed in a video work where each composition confronts the others, generating a soundtrack that is both dissonant and harmonious.
Using museology as an artistic strategy, the artist recounts segments of a story with non-linear paths that are presented through material and sound archives. They are manipulated with the intent of democratizing them, of activating them differently through the process of adapting their support, and of revealing unexpected fragments ".
Extrait du texte de Lisa Tronca publié avec la partition officielle du projet :
« Dissonances rurales est constituée en majorité d’artefacts que l’artiste a puisés des collections d’institutions ou de fonds d’archives privés. Leur présence au sein du projet accomplit ainsi une double fonction d’éducation d’histoires oubliées alors que leur mode de présentation remplit une vocation critique envers les gestes de préservation et d’exposition traditionnels.
L’exposition appelle à considérer ce que ces documents révèlent à l’égard de leur contenu ainsi que d’éléments parallèles : qu’est-ce qui est conservé, comment est-ce entretenu et par qui ? Répondre à ces questions mène à une réflexion sur les rapports de pouvoir que sous-tend toute entreprise historienne ou archivistique. Bien que Rémi Belliveau semble calquer les processus factuels et systématiques de ces domaines — identification et datation des documents ; monstration dans des caissons en verre —, ils se défont par moments pour dévoiler l’effet engendré sur le statut des objets selon leur monstration.
Les tourne-disques sur socles de bois, par exemple, subissent plusieurs métamorphoses. Transposés sur scène dans la vidéo Dissonance rurale, leur rôle habituel est altéré, magnifié, alors qu’ils conservent tout de même leur fonction d’écoute d’enregistrements sur disque. Au sein de l’exposition, toutefois, éclairés par des faisceaux lumineux dans une pièce sombre, ils prennent une forme sculpturale, quasi sacralisée, et les codes de conduite usuels des lieux d’exposition freinent leur manipulation. Il en va de même pour les trois lutrins disposés en cercle au centre de l’une des grandes salles de la galerie. Ceux-ci retrouvent leur usage d’origine au moment de la performance le soir du vernissage ; tout comme le violon d’Éloi LeBlanc, enfermé derrière une vitrine, qui reprend son statut d’instrument lorsqu’il est décroché de son présentoir et que Dominique Dupuis le joue devant public.
La posture de plusieurs objets de Dissonances rurales fluctue de la sorte : les articles de presse — habituellement imprimés dans un journal que l’on peut manier et même découper — sont ici amplifiés et posés au mur, comme des tableaux. Des images du Monument-Lefebvre provenant de cartes postales (rappelant les projets A Seated Girl Wearing a Cloak et Evangenalia [Photobooth]) sont elles aussi altérées et encadrées. Les documents sous caissons de verre arborent quant à eux les traces de leurs manipulations : des Post-its dépassant des pages de livres évoquent leur lecture et leur annotation ; des taches et ratures sur les partitions manuscrites évoquent le moment d’écriture ».
Time based: Preview published in Canadian Art Magazine, Fall 2019, p.37
" Rémi Belliveau / GALERIE D’ART LOUISE-ET-RUEBEN-COHEN, MONCTON / October 23 to December 15
The Montreal-based Acadian artist unpacks the complex social, cultural and material histories of Acadia in a new sound installation and archival project.
REMI BELLIVEAU: This project, titled Dissonances rurales, begins with three musicians: Yehudi Menuhin, Arthur LeBlanc and Eloi LeBlanc. The glue between them is the stage on which they performed, at different times, at Monument Lefebvre in Memramcook, New Brunswick—my hometown. The building was part of Collège Saint-Joseph, the first classical educational institution created for Acadians. The college burned down, a couple of times, but Monument Lefebvre always survived. It’s a gorgeous space, built by a shipbuilder, so the ceiling is like a ship and the acoustics are amazing. The main piece in the project is an 11-minute video filmed on this stage. There’s no real action: you see three classically trained musicians walk on stage, cue up a playlist of records by Menuhin, Arthur LeBlanc and Eloi LeBlanc on turntables, and then walk off. They are essentially conceptual DJs performing a kind of experimental archaeology. But this is primarily a sound-art project and it’s the sound that fills the space. I often work with archives and sound, and | was interested in seeing if some sort of accidental harmonics or discordant musicality would emerge from playing these recordings together. Will they complement each other? Will they be mostly dissonant? I felt that, with these strange, layered textures of a violin or fiddle—which is basically the same instrument—performed on the same stage at some past time, but by very different musicians, something new would emerge. It becomes a metaphor for the ways we interpret high and low culture. There is definitely a clash there, but that can also create something really beautiful in certain moments ".
Presse
Radio Canada : Entrevue avec Anne-Marie Parenteau
Acadie Nouvelle : Entrevue avec Sylvie Mousseau